On est parti tranquillement après avoir fait une photo de groupe et des photos du terrain de rugby avec, en arrière plant, les montagnes et le lac. Sur la route, après Haast, nous nous sommes arrêtés à Munro Beach, une des plus belles plages de la côte ouest. Le chemin pour y aller est une marche (assez facile) de 45 minutes aller simple. Normalement, sur cette plage, on pouvait apercevoir une colonie de pingouins, mais on ne les a pas vu. Aucuns. C'est triste ! C'est plus ou moins le seul animal de NZ qu'on n'a pas vu avec l'orque.
D'ailleurs, sur cette plage, on pouvait voir des orques, des albatros, des pingouins et des dauphins. Pour faire court, on n'en a vu aucun. Mais alors aucun. On a juste vu un kaka. Et devinez son cri !!! PROUT ! Voilà la blagounette du jour. C'est con hein ? Ce beau moment ensoleillé fut le dernier de la côte ouest. Les jours d'après n'ont été que succession de pluie, de vent et de froid ! A priori, sur la route, on a passé trois ponts suspendus (enfin c'est ce que j'ai écrit dans mon carnet.). Je ne m'en rappelle plus vraiment.
En arrivant, on s'est arrêté au glacier Fox, c'est hallucinant la vitesse à laquelle il a reculé. A l'inverse, le glacier Franz Josef, lui, avance. Mais on peut se dire que dans 30 ans, le Fox aura complètement disparu. Sur la route, mon vieux pantalon noir a rendu l'âme, du coup, le soir en rentrant, avec Jojo, on l'a déchiré en pièces (Bon, l'histoire avec un grand "h" voudra que je regrette cette décision, il aurait pu servir de change les jours de grandes pluies.). Je me suis changée et on est parti pour la plus belle aventure de ces vacances...
Les... KIWIS !
Donc, à 18h45, on part pour Okarito, un petit village sur la côte ouest, en bord de mer. Pour le coup, c'est vraiment petit. Malheureusement, nous n'avons aucunes photos de cet endroit, on n'a pas eu le temps et il ne faisait pas beau. Dans la voiture, on était quatre fous, impatients à l'idée de voir un (ou des) kiwi(s) dans la nature. On arrive chez le monsieur à 19h15. On me fait une remarque comme quoi ça a l'air un peu louche. En fait, la maison sert aussi de lieu de rendez-vous pour les excursions, du coup, effectivement, ça faisait pas super pro.
On s'avance, et on est accueilli un peu brutalement. Le mec nous dit clairement qu'on est en retard et qu'à cause de ça, il faudra se dépêcher. Sauf que moi, on m'avait dit de venir pour 19h30. Du coup, pour nous, on était en avance. Tant pis, on n'argumente pas, on suit le gars. Et là, c'est le début d'un long monologue passionnant de la part de notre hôte. C'est vrai qu'au premier abord, on s'est un peu demandé comment ça allait se passer mais au bout du compte, on a adoré !
Il se met à nous parler d'Okarito, de son bush qui abrite les kiwis. Ce soir-là, nous allions voir un rowi, le grand kiwi brun, le kiwi le plus rare de Nouvelle-Zélande. Ce qui en fait le plus rare du monde étant donné qu'on ne trouve des kiwis que dans ce pays. Le bush d'Okarito est un espace de 10km². Dans ce bush vit une population de 385 kiwis. Chaque couple a un territoire équivalant à 6 terrains de foot (on aurait préféré une comparaison avec le rugby). C'est pour dire. Et gare à celui qui essaierait de passer les frontières. Il nous demande aussi pourquoi on vient, si on venait juste pour faire une balade nocturne ou un truc du genre (on se rappelle plus vraiment les termes employés). Il demande à Jordan. Jordan reste silencieux. Et là, on répond (les filles) : "bah pour voir les kiwis", Ian (notre guide) : "bah oui évidemment pour voir les kiwis, quoi d'autres ?". On s'est bien moqué de Jojo sur le coup !
Il nous donne des informations sur les kiwis qu'on allait voir. Nous allions nous rendre sur un petit chemin au milieu du territoire de BZ et Beaumont. Je vous raconterai leur histoire à la fin. Le chemin est en bord de route, ce qui facilite l'accès. Les kiwis ont une ouïe très fine, nous aventurer dans le bush aurait probablement réduit de moitié nos chances d'en voir un. Il nous a demandé de ne pas prendre nos manteaux de pluie qui font du bruit à chaque mouvement. Marie et Céline ont du lui emprunter des polaires.
Après nous avoir présenté à BZ et Beaumont qui, il l'espèrait, avaient pondu un oeuf (le jour d'avant, le mâle, BZ, avait eu un comportement très étrange, signe probable de ponte), il nous a fait un test de patience. En fait, au départ, on ne le savait pas. D'abord, il nous a fait écouter le cri de la femelle et le cri du mâle séparément. Ensuite, un cri de chouette, animal répandu dans ces forêts. Puis, il nous a dit "quand vous entendez le cri du mâle, faites un signe, n'allez pas vous exclamer 'Oh là, un kiwi' parce qu'en vous entendant, l'animal partira". Il voulait juste un signe muet pour voir si on était capable de maîtrise de nous-mêmes. Il démarre la cassette. Et on attend. Les bruits habituels de forêt... Toujours pas de kiwi... Un bruit de chouette... Ah, ça y est, un bruit de kiwi !! A peine on se redresse pour faire signe qu'il arrête la cassette. Il avait lu notre langage corporel et savait qu'on avait bien entendu. Il nous dit "C'est bien ce que vous avez fait, j'ai des personnes, parfois, qui veulent être les premières à faire signe et qui s'agitent quand on entend la chouette. Vous, vous avez attendu jusqu'au bout, vous avez toutes les chances de voir un kiwi ce soir". On pense qu'il a été assez étonné de voir un groupe de 4 jeunes arriver et qu'au départ, il pensait qu'on allait être super bruyant et impatient. Au bout du compte, on a été les meilleurs de la semaine.
Le signe du départ est lancé, Jojo et Céline prennent des gants, on prend tous des loupiotes et nous voilà partis. Jordan monte avec Ian, on meurt de savoir ce qu'ils se sont dit (en fait, Ian lui a posé des questions sur nous, parce qu'on devait travailler en équipe. Il m'a mis avec Jordan parce qu'il voulait éviter toute tentative de blablaterie entre les paires. Ian a aussi expliqué à Jojo qu'il allait être son bras droit et son rôle dans l'affaire). On arrive au parking, Ian déballe ses affaires, sort son espèce d'antenne radio qui lui permettrait ensuite de situer l'animal et de le suivre (Tous les kiwis de cette forêt sont recensés et ont un émetteur).
Il nous explique nos positions et comment on doit chercher le kiwi. En regardant avec insistance et conviction et pas en tournant le dos à l'endroit où le kiwi peut apparaître. Il nous explique aussi comment il allait faire pour nous contacter. Chaque équipe était munie d'un talkie-walkie. Pour l'équipe la plus proche, il ferait des signes avec sa lampe, pour la plus éloignée, les talkies-walkies. Il nous a aussi demandé d'être prudent dans la façon dont on allait se déplacer. Si un kiwi était découvert, qu'il fallait savoir lier vitesse et silence. En gros, il nous demandait de marcher rapidement comme si on avait à marcher sur des oeufs, qu'il fallait qu'on se déplace en file indienne, d'un même pas pour minimiser le bruit... Tout cela expliqué (et là, c'est fait en accéléré parce qu'il a bien pris le temps de nous expliquer tout en détail, je ne saurais plus me rappeler de tout).
Il nous a posé une question : "que savez-vous des kiwis ?". Il voulait que nous lui disions une chose chacune. Il a fini par moi parce que, pour lui, comme c'était moi qui avait organisé le truc, c'était moi qui en savait le plus sur ces animaux. Jordan a dit que l'oiseau pondait des oeufs presque aussi gros que lui, Céline a dit que c'était un oiseau qui ne pouvait pas voler, Marie a dit que c'était un animal nocturne qui se nourrissait de vers et moi, que c'était un oiseau menacé.
Et il n'en a pas fallu plus à Ian pour rebondir sur nos affirmations. Il a demandé à Jordan, d'après lui, pourquoi les kiwis pondaient de si gros oeufs. On se disait "à cause du bec" et en fait, non, c'est parce que le kiwi est un mauvais parent alors le petit, quand il éclot, doit déjà être capable de se débrouiller tout seul donc il a presque déjà sa taille adulte. Il nous a expliqué que le kiwi était en fait assez étrange parce qu'il avait plein de point commun avec les mammifères, par exemple, le kiwi a des moustaches pour pouvoir se diriger dans le noir comme les chats, que son système de défense se rapproche de celui du porc épique. Le kiwi "jette" ses plumes, le prédateur croit que c'est le kiwi, mais ce dernier, pendant ce temps-là, en profite pour se carapater. Et un kiwi, ça court vite. Le kiwi, contrairement aux autres oiseaux, a son nez au bout du bec pour pouvoir sentir le sol. D'ailleurs, pendant toute l'excursion, Ian revenait toujours vers moi et me demandait "It's a bird, right ?" tellement l'animal a de points communs avec les mammifères.
Il nous explique aussi que personne ne sait vraiment d'où vient le kiwi, et les raisons pour lesquelles c'est un animal en danger. D'une part à cause des maoris qui les ont chassé et des prédateurs terrestres introduits en Nouvelle-Zélande, comme le chien et l’opossum. Le problème avec l'opossum c'est que, comme leur fourrure est un commerce, on (je ne sais pas qui) ne veut pas les exterminer tous. Jordan, ce traître, a participé à ce commerce en achetant un truc en fourrure de possum. Il nous a dit que non, justement, ça les tuait. Ce à quoi nous avons répondu, "bah oui mais parce que tu achètes un truc en possum, certes, ça le tue, mais ça contribue à ce que les possums ne soient pas exterminés.".
Après tout ce blabla (et il y en a eu), nous partons en chasse. On se met en position, et à peine cinq minutes après, Ian nous fait un signal. Le mâle allait passer dans une petite dizaine de minutes. Il était pressé. Ni une, ni deux, on le rejoint, les filles arrivent, on le suit en file indienne. Il s'arrête, on s'arrête. Il s'approche des fourrées. On entend le "crunch, crunch" du kiwi qui fait son chemin dans la brousse. Ian met sa lampe infra-rouge et hop ! ça y est le voilà. Et il courre vite le bougre. A peine le temps de le voir passer. Une seconde qui restera dans les mémoires. BZ traverse le chemin et passe de l'autre côté. On peut toujours l'entendre se déplacer. Puis, à un moment, plus rien. Ian nous emmène sur la route et là... on attend. Et on attend. On l'entend, on sait qu'il est là mais il ne se montre pas. Plusieurs fois Ian pense qu'il va se montrer, mais non, toujours pas. Je ne sais pas combien de temps on a passé à attendre sur la route, peut-être 30min, peut-être une heure, je ne sais pas. Il faisait bon et le suspense nous maintenait en haleine. Et là, hop, encore, on voit BZ, une fois, deux fois. Il disparaît. Soudain un cri strident, puis un autre, un peu plus étouffé. Probablement la femelle qui lui dit de se dépêcher pour venir couver l'oeuf. Et on le revoit, ça sera la dernière de la soirée et aussi la plus longue.
On retourne à la voiture, Ian nous dit qu'on a eu beaucoup de chance et qu'il faut le laisser tranquille maintenant. Mais il est content, l'animal, quand il y a eu des voitures, a eu peur, ce qui le rassure. Ian sait que BZ ne traversera sûrement pas la route si une voiture arrive. Il est content de nous aussi, notre travail d'équipe lui a plu et on a été très patient. Je pense qu'on a tapé dans le mille ! On retourne vite fait sur le chemin pour voir si la femelle a bougé. Elle est toujours au même endroit. Pour Ian, ça veut dire qu'ils ont un oeuf. On retourne à la voiture et, sans vraiment le vouloir, on repart en chasse. Le kiwi n'est pas loin. On ne le reverra pas.
On rend les lampes à Ian, et c'est le départ. Il nous donne une photo d'un kiwi en nous expliquant que c'était l'ancienne partenaire de BZ et qu'elle est morte parce que son bec était cassé. BZ s'est fait jeté hors de son territoire et à ce moment, Beaumont a viré son copain et à pris BZ à la place. Il nous dit de faire très attention en partant et sur la route car un kiwi peut traverser à n'importe quel moment.
On est retourné au YHA à 21h30. Notre excursion avait duré à peine 2h. Nous avons vraiment eu beaucoup de chance ! Là, on a retrouvé avec surprise Mélanie, Soraya et Anna. C'est aussi ici que Jordan a perdu mes claquettes, mais on s'en fout !
Voilà pour cette journée de dingue. Je pense qu'on s'en rappellera longtemps. On a fait quelque chose que même pas la moitié des Néo-Zélandais ont fait. On a vu un kiwi dans la nature, un kiwi sauvage !
Bises,
Camille